Édito 2022
18e édition
En revenant sur ces deux drôles d’années que nous venons de vivre et sur les nouvelles injonctions que formule notre époque : confinement, repli sur soi, peur de ce que l’autre pourrait nous transmettre… il semble que rien ne soit plus éloigné des aspirations de tout être humain tourné vers le monde.
Organiser un festival sur le voyage et l’aventure dans ce contexte et dans le marasme de ces derniers mois a pu paraître, à certains moments, tenir de la gageure, de l’inconscience, voire même de la provocation.
Il fallait pourtant essayer de conserver notre énergie intacte, tandis que d’autres tentaient de maintenir à flot, contre « vents et marées », des projets humains bien plus conséquents encore.
Car plus que jamais cette année, cette expression aura été porteuse de sens pour beaucoup d’entre nous. Et ce ne sont pas nos invités 2022 qui nous démentirons.
En effet, ne faut-il pas à Caroline beaucoup d’obstination quand elle risque sa vie le long d’un fleuve gelé pour atteindre une nonnerie oubliée au Zanskar ? Quel entêtement pousse donc ce jeune chercheur à vouloir préserver, malgré tout, une langue dont tous les locuteurs disparaissent ? Quelle détermination peut bien conduire des surfeurs de haut niveau à choisir un pays déshérité et réputé dangereux pour promouvoir leur sport ? Comment deux parapentistes tutoyant les plus hauts sommets peuvent-ils trouver la force de ne pas renoncer quand les difficultés se présentent ? Que dire de ces jeunes gens de Daraya qui s’obstinent, au milieu d’une effroyable guerre, à sauver des livres quand tout s’effondre autour d’eux ? Et comment ne pas saluer l’entêtement de cette jeune Anglaise des années 80, s’accrochant, seule et contre tous, à son rêve fou qui lui permettra pourtant de franchir toutes les mers du monde ?
Peut-être nos invités pourront-ils nous aider à comprendre où l’être humain parvient à puiser de telles ressources dans l’adversité. Car c’est bien là la noblesse des hommes que de croire au possible quand le monde autour d’eux semble les contredire.
Nul doute, par les temps qui courent, que leur message sera le bienvenu.
Patricia ONDINA-ABRIAL
Directrice du Festival Partances